mercredi 5 décembre 2012

Bamboo train



De l’époque coloniale subsiste une ligne de chemin de fer, si l’on entend par ligne une succession de rails ondulés, disjoints. Trop aléatoire pour permettre le transport de voyageurs, elle est tout de même utilisée pour celui de marchandises comme le riz. La faible allure et la rareté des tortillards qui empruntent la voie unique a permis le développement d’un autre mode de transport : le lorry, ici appelé bamboo train. Une simple plate-forme en bambou est posée sur deux essieux de train et un moteur léger entraîne l’ensemble par l’entremise d’une courroie reliée à l’essieu arrière. L’ensemble peut être démonté en quelques secondes et déposé sur le côté en cas de croisement avec un autre bamboo train ou un vrai train.
L’ancienne petite gare de Battambang, perdue dans la campagne, permet aux touristes d’embarquer à bord de ces trains pas comme les autres pour un aller-retour de quelques kilomètres. Nous embarquons tôt pour éviter les rayons du soleil. Assis tous les cinq sur la petite plate-forme de bambou, le conducteur derrière nous, nous quittons la gare dans un grand fracas d’essieux. Très vite nous prenons de la vitesse. Flottant à quelques centimètres au-dessus des rails, encadrés par les herbes et les buissons, nous semblons foncer dans la campagne, au-dessus des rizières. L’euphorie nous gagne, la sensation est unique d’être ainsi en prise directe avec la vitesse. S’il n’y avait le claquement régulier des essieux sur les mauvaises jointures des rails on pourrait se croire Aladin sur un tapis volant. Fugitivement, nous croisons quelques visages souriants de Cambodgiens aux champs. Vingt minutes plus tard, notre monture ralentit pour s’arrêter aux abords d’un petit village où les bambous trains qui nous ont précédés gisent ici et là en pièces détachées. Nous démontons à notre tour. Nous profitons de la halte pour rencontrer quelques Cambodgiens, dont un très jeune guide parlant un excellent français, appris en 4 ans à l’école, puis au contact des touristes. Encore une fois nous sommes épatés par leur aptitude à l’apprentissage des langues étrangères. Nous avions fait la même constatation au Laos. Est-ce une disposition naturelle ou bien leur volonté de s’en sortir, le tourisme apparaissant bien souvent comme la seule possibilité ?
L’heure du retour a sonné, nous remontons notre embarcation et appareillons rapidement. Nous flottons à nouveau sur la mer de rizières. Cette fois-ci nous croisons d’autres bamboo trains qui, suivant quelques obscures règles de préséance, doivent démonter pour nous laisser passer. C’est sans encombres et le sourire scotché aux lèvres que nous retrouvons notre port d’attache. 
Heureux comme Ulysse, nous avons fait un beau voyage.



 

J'ai tout cassé !




 Le T-shirt qui fait peur.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire