Nous quittons Phnom Penh pour Kep, sur la côte sud du pays.
Nous retrouvons ainsi la mer après de nombreuses semaines de séparation. Depuis
la baie d’Along, en fait, nous avons été privés de cet élément essentiel pour
nous.
Après quelques heures de bus nous atteignons la petite cité
côtière sous une pluie battante comme nous en avons peu connue au cours de
notre voyage. Nous sautons à bord d’un tuk-tuk qui nous emmène à notre
guest-house. Celle-ci est tenue par un jeune couple de Français qui ont créé
par ailleurs une association humanitaire dont la vocation est l’aide à la
scolarisation des enfants qui vivent de la décharge voisine. Nous sommes encore
une fois frappés par cette tendance qu’ont les hôtels au Cambodge à se trouver
une vocation humanitaire. Depuis Siem Reap, nous en croisons régulièrement qui
mettent en avant leur implication sociale. Tant mieux sans doute pour les
heureux bénéficiaires de ces projets, mais il est parfois étonnant de voir à
quel point le discours de ces hôtels et guest-houses est plus orienté sur ces
questions que sur leur niveau de prestations. Nous nous demandons dans quelle
mesure ces initiatives tiennent la route et sont véritablement utiles.
Depuis Kep nous rallions le lendemain l’Île aux Lapins
voisine où nous renouons avec nos bains de mer. Nous y faisons justement la
connaissance d’une Française, mandatée par une grande agence de voyage afin de
développer des produits touristiques durables.
Nous trouvons encore là ce curieux mélange de consommation et d’action sociale,
humanitaire. Consommer du tourisme,
en masse, mais de manière équitable : telle est la tendance, très
déculpabilisante qui nous est aujourd’hui heureusement proposée. Cette
activiste du tourisme raisonnable est
d’ailleurs avisée : elle milite avec une association locale contre les
visites de pensionnats associatifs d’orphelins. « Les enfants ne sont pas
des souvenirs de voyage » que l’on vient photographier, ému, pour se
sentir concerné. En-effet cette
dérive est trop souvent observée depuis quelques années dans ce pays, et l’on
voit même fleurir des établissements fantômes, véritables coquilles vides qui louent les enfants à la journée auprès
de leur famille lorsque les visites sont organisées.
Le jour suivant, désireux de partir un peu à la découverte de
la région, nous louons une antique Jeep Willis, relique de la présence
américaine dans la région pendant la guerre du Vietnam. Nous empruntons de
cahoteuses pistes en terre pour découvrir ce qui fait la notoriété de la
région : les plantations de poivriers. Nous visitons celle de Christophe,
un Cambodgien exilé en Corrèze pendant 30 ans et qui fait depuis quelques
années un prudent retour au pays pour développer cette activité. Son poivre est
si bon qu’il est reconnu par un label de qualité propre à la région, en
attendant que se mette en place une appellation d’origine protégée. Nous y
apprenons tout sur le poivre, qui se consomme vert lorsque cueillis frais, ou
rouge lorsqu’arrivé à maturité. Le poivre noir est quand à lui obtenu à partir
des baies cueillies avant maturité et mises à sécher et le blanc est du rouge
débarrassé de sa péricarpe, son
enveloppe en quelques sorte. Nous croquons pour les déguster ces baies
multicolores et nous repartons les bouches pleines de ces saveurs puissantes.
Nous goutons la journée durant aux joies de la voiture
ouverte à tous les vents, sans ceintures de sécurité, aux arrêts intempestifs
pour mieux admirer quelques curiosités de paysage, en un mot à la liberté
retrouvée d’être son propre chauffeur et propre guide. Nous gagnons dans l’après-midi
une plage isolée, proche de la frontière Vietnamienne. L’eau n’est pas si
belle, la plage est plutôt sale, mais nous y rencontrons les enfants du village
qui sortent de l’école. Nous profitons de leurs ardoises et de leurs craies
pour échanger quelques dessins, écrire nos prénoms, réviser les lettres de l’alphabet.
Adèle se fait de nouveaux quelques amis.
Leur village prend place sous la vaste cocoteraie dont nous
goutons les fruits. A l’arrière-plan, des rizières s’étendent jusqu’à de
petites montagnes escarpées. L’ensemble est charmant, à l’exception de cette pollution,
durable pour le coup, de plastique et
de polystyrène.
De retour à Kep, nous découvrons un ranch tenu par un
Français retraité de la SNCF
où Valentine et Marie peuvent s’adonner à leur passion et partent pour une
ballade équestre.
Une journée presque parfaite en somme.
Nous ne repartons pas de Kep sans goûter maintes fois à leur
spécialité culinaire qui est celle des crabes, grillés, frits, en sauce au
poivre vert comme il se doit. Un régal !
Vers l'Île aux Lapins.
Panier de crabes...
et ventrée de crabes.
Haute voltige.
Petit coin de paradis.
Poivre vert...
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