mardi 18 décembre 2012

Kep, la ville des crabes



Nous quittons Phnom Penh pour Kep, sur la côte sud du pays. Nous retrouvons ainsi la mer après de nombreuses semaines de séparation. Depuis la baie d’Along, en fait, nous avons été privés de cet élément essentiel pour nous.
Après quelques heures de bus nous atteignons la petite cité côtière sous une pluie battante comme nous en avons peu connue au cours de notre voyage. Nous sautons à bord d’un tuk-tuk qui nous emmène à notre guest-house. Celle-ci est tenue par un jeune couple de Français qui ont créé par ailleurs une association humanitaire dont la vocation est l’aide à la scolarisation des enfants qui vivent de la décharge voisine. Nous sommes encore une fois frappés par cette tendance qu’ont les hôtels au Cambodge à se trouver une vocation humanitaire. Depuis Siem Reap, nous en croisons régulièrement qui mettent en avant leur implication sociale. Tant mieux sans doute pour les heureux bénéficiaires de ces projets, mais il est parfois étonnant de voir à quel point le discours de ces hôtels et guest-houses est plus orienté sur ces questions que sur leur niveau de prestations. Nous nous demandons dans quelle mesure ces initiatives tiennent la route et sont véritablement utiles.
Depuis Kep nous rallions le lendemain l’Île aux Lapins voisine où nous renouons avec nos bains de mer. Nous y faisons justement la connaissance d’une Française, mandatée par une grande agence de voyage afin de développer des produits touristiques durables. Nous trouvons encore là ce curieux mélange de consommation et d’action sociale, humanitaire. Consommer du tourisme, en masse, mais de manière équitable : telle est la tendance, très déculpabilisante qui nous est aujourd’hui heureusement proposée. Cette activiste du tourisme raisonnable est d’ailleurs avisée : elle milite avec une association locale contre les visites de pensionnats associatifs d’orphelins. « Les enfants ne sont pas des souvenirs de voyage » que l’on vient photographier, ému, pour se sentir concerné. En-effet cette dérive est trop souvent observée depuis quelques années dans ce pays, et l’on voit même fleurir des établissements fantômes, véritables coquilles vides qui louent les enfants à la journée auprès de leur famille lorsque les visites sont organisées.
Le jour suivant, désireux de partir un peu à la découverte de la région, nous louons une antique Jeep Willis, relique de la présence américaine dans la région pendant la guerre du Vietnam. Nous empruntons de cahoteuses pistes en terre pour découvrir ce qui fait la notoriété de la région : les plantations de poivriers. Nous visitons celle de Christophe, un Cambodgien exilé en Corrèze pendant 30 ans et qui fait depuis quelques années un prudent retour au pays pour développer cette activité. Son poivre est si bon qu’il est reconnu par un label de qualité propre à la région, en attendant que se mette en place une appellation d’origine protégée. Nous y apprenons tout sur le poivre, qui se consomme vert lorsque cueillis frais, ou rouge lorsqu’arrivé à maturité. Le poivre noir est quand à lui obtenu à partir des baies cueillies avant maturité et mises à sécher et le blanc est du rouge débarrassé de sa péricarpe, son enveloppe en quelques sorte. Nous croquons pour les déguster ces baies multicolores et nous repartons les bouches pleines de ces saveurs puissantes.
Nous goutons la journée durant aux joies de la voiture ouverte à tous les vents, sans ceintures de sécurité, aux arrêts intempestifs pour mieux admirer quelques curiosités de paysage, en un mot à la liberté retrouvée d’être son propre chauffeur et propre guide. Nous gagnons dans l’après-midi une plage isolée, proche de la frontière Vietnamienne. L’eau n’est pas si belle, la plage est plutôt sale, mais nous y rencontrons les enfants du village qui sortent de l’école. Nous profitons de leurs ardoises et de leurs craies pour échanger quelques dessins, écrire nos prénoms, réviser les lettres de l’alphabet. Adèle se fait de nouveaux quelques amis.
Leur village prend place sous la vaste cocoteraie dont nous goutons les fruits. A l’arrière-plan, des rizières s’étendent jusqu’à de petites montagnes escarpées. L’ensemble est charmant, à l’exception de cette pollution, durable pour le coup, de plastique et de polystyrène.
De retour à Kep, nous découvrons un ranch tenu par un Français retraité de la SNCF où Valentine et Marie peuvent s’adonner à leur passion et partent pour une ballade équestre.
Une journée presque parfaite en somme.
Nous ne repartons pas de Kep sans goûter maintes fois à leur spécialité culinaire qui est celle des crabes, grillés, frits, en sauce au poivre vert comme il se doit. Un régal !

Vers l'Île aux Lapins.

Panier de crabes...

et ventrée de crabes.

Haute voltige.

Petit coin de paradis.

Poivre vert...

et poivre rouge.


La Jeep Willis, notre véhicule d'un jour.








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire