L’affiche en était modestement accrochée dans le hall de
notre hôtel : Cirque de Phare Ponleu Selpak, représentation à 6h45. Notre
dernier cirque remonte à notre passage à Saigon et nous y voyons la possibilité
d’un divertissement pour les filles. Nous en parlons avec le personnel de
l’hôtel et tous se montrent emballés par la prestation de ce cirque. C’est sans
doute la fierté locale ? Nous prenons des billets pour le soir même.
Entre temps nous prenons quelques renseignements et nous
apprenons qu’il s’agit d’une association artistique qui a eu comme point
de départ un projet initié par un professeur d’art plastique Français dans un
camp de réfugiés Cambodgiens en Thaïlande. Aujourd’hui, l’association a pris de
l’ampleur et promeut de nombreuses disciplines artistiques comme la danse, le
cirque, la peinture. La troupe du cirque est composée d’une trentaine de jeunes
des quartiers défavorisés de Battambang.
Nous arrivons un peu de temps avant la représentation et nous
découvrons un véritable domaine qui offre de multiples possibilités aux enfants
et aux jeunes pour s’épanouir et trouver une voie professionnelle. Des espaces
sont dédiés à la peinture, à l’entrainement physique des gymnastes et des
danseurs, à l’apprentissage des techniques du cirque, et un restaurant forme
également les jeunes à ses métiers.
Nous prenons place dans les gradins du petit chapiteau qui se
remplit très vite de nombreux touristes, puis devient plein à craquer de
Cambodgiens qui semblent déjà bien connaître ces lieux. Les sourires sont sur
tous les visages.
A l’heure dite, le noir se fait et un jeune Français
stagiaire de l’association et qui assure sa communication, nécessaire au vu de
l’envergure qu’elle prend, nous présente le spectacle. Il s’agit d’une
première, dont les artistes font partie de la troisième génération de
l’association.
Nous apprenons également que certains d’entre eux ont déjà
une renommée qui leur a permit de s’intégrer parmi les plus grand de la scène
actuelle. Un spectacle de l’association a déjà été joué au Quai Branly à Paris
et un de ses danseurs se produit aujourd’hui au Canada.
Le spectacle commence.
Surgissant de l’ombre, armés de torches, de jeunes villageois
entament une chasse effrénée aux allures de danse guerrière. Leurs corps
athlétiques se croisent dans les airs, virevoltent.
L'histoire prend forme sous les traits d’un conte :
apparition d’une villageoise à la beauté irréelle, le héros se découvre qui la
poursuit de ses assiduités mais qui subit la jalousie de ses compagnons, fuite
de l’être aimé et quête du héros qui doit sans cesse combattre mais qui reçoit
l’aide des dieux, retrouvailles et amour célébré avec le village finalement
conquis à leur cause. L’histoire est simple, mais racontée avec tant de brio
que le chapiteau entier en suit les péripéties à l’unisson, retenant son
souffle dans les acrobaties les plus extrêmes, frémissant de peur, ondulant de
rire, tonnant d’applaudissements nourris. Des arts joyeux sont convoqués :
la danse et la gymnastique, le théâtre et le mime, la musique, les ombres
chinoises, le jonglage, les acrobaties. Le public
chéri est conquis par le talent fou de ces jeunes artistes. La connivence
et l’amitié qui semble les unir ajoute à la sympathie du moment. Le spectacle
entier est une heureuse synthèse de l’esprit des Khmers et on y retrouve avec
bonheur leurs sourires constants.
Après le spectacle, nous retrouvons Ghislaine et Danielle
(voir l’article sur Sam) pour un diner au restaurant de l’association. Nous
échangeons encore longuement sur la magie et la poésie du spectacle que nous
venons de voir, ainsi que sur ces Cambodgiens que nous nous accordons à élire
comme le peuple le plus accueillant qui soit.
Au cirque avec Ghislaine et Danielle.
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