5 grains de riz: Le centre d’information de la COPE à Vientiane

A notre retour à Vientiane, nous visitons la COPE (Cooperative Orthotic and Prosthetic Enterprise), principal fabricant au Laos de prothèses de membres et de fauteuils roulants. Attenant au centre de réadaptation se trouve le centre d’information qui propose un parcours pédagogique sur les armes à sous-munitions qui ont été massivement déversées sur le territoire du Laos au cours de la guerre du Vietnam et sur leurs conséquences sur la population. Encore aujourd’hui, les munitions non explosées font tous les jours des victimes au Laos.

Un documentaire nous apprend le fonctionnement de ces engins terribles : stockées par centaines dans des bombes larguées par avions, les sous-munitions explosent à l’impact et réduisent à néant des hectares de terrain. Le problème aujourd’hui, c’est que nombre de ces engins n’ont pas explosé et que les campagnes, les champs, les forêts, en sont truffées. Quelques chiffres donnent le vertige : près de 600 000 missions de bombardement ont été menées entre 1964 et 1973, déversant 270 millions de sous-munitions, dont 80 millions n’auraient pas explosé. Ces UXO (Unexploded Ordnance, ou munitions non explosées) ont fait 30 000 victimes pendant la guerre et 20 000 depuis, morts ou estropiés.

Nous croisons dans le centre un jeune homme auquel manquent les deux mains, aveugle de surcroît. Nous en avons le cœur serré.

Des vidéos, des dessins légendés, témoignent de cette horreur quotidienne, de la peur qui règne dans les villages. Des mères racontent comment leurs enfants sont morts déchiquetés par les bombes qu’ils voulaient ramasser pour les revendre au poids. Parfois ce sont des adultes qui ont entassé sur le bord de la route leur butin et de trop jeunes enfants qui ont voulu « jouer » avec.

Nous apprenons également comment sont fabriquées les prothèses, et puis aussi comment les infirmes réapprennent à vivre avec.

C’est à une triste réalité que nous avons été confrontés ici. Quelle injustice que ces populations civiles touchées dans leurs villages, dans leurs champs, qui paient encore aujourd’hui les erreurs et les horreurs des guerres passées.