A cause de la logistique familiale, il était difficile de ne
pas en passer par une excursion touristique organisée pour découvrir le plateau
des Boloven. En général, les routards louent une moto pour en faire le tour. Nous
sommes conquis par la proposition de M. Vong, patron d'une guesthouse,
auquel je consacrerai un article car il forme des Katus au tourisme et leur
apprend l’anglais.
Nous commençons par la visite des plantations de thé et de
café. L’arabica est une bonne source de commerce équitable pour les Laos et on
ne peut que s’en réjouir car le tri des grains exige un travail colossal et
extrêmement minutieux.
Le guide et le chauffeur Katus sont très enthousiastes et
malgré leur anglais approximatif, nous apprennent plein de choses sur leur
tribu. D’abord, tous deux en âge de se marier, ne souhaitent pas prendre une Katu
pour épouse : cela coûte trop cher, c'est-à-dire plusieurs buffles. Ce
n’est sans doute pas la seule raison, car, d’après ce que nous comprenons, il
s’agit de mariages arrangés, évidemment, et ces jeunes veulent sans doute
échapper à leur condition car les tribus qui restent vivotent en bord de route
où elles se sont installées pour pouvoir y vendre quelques légumes et produits
artisanaux.
Nous voyons d’abord un village Alaak, autre tribu, certes
aussi animiste, mais pas si proche des Katus : une route les sépare.
Pendant que Valentine, Marie et Stéphane vont voir les
cercueils sous leurs maisons sur pilotis, témoins des rites animistes, je reste
surveiller Adèle qui joue avec les enfants, les cochons et les poules. Dans la
maison sur pilotis réservée au rite du sacrifice du buffle, j’ai retrouvé les
boucliers de la villa lointaine (maison de mes grands-parents), dont certains
sont chez papa maintenant. J’imagine ces gens, à l’époque où bon-papa avait un
de leur chef pour ami. Je me pose beaucoup de questions sur eux : Quelle
est leur réalité aujourd’hui ? Il y a ce que nous voyons, ce qu’ils veulent
bien nous laisser apercevoir et ce qu’ils cachent : les masques et les
boucliers côtoient les antennes satellites et la télévision. L’école construite
par M. Vong leur donne-t-elle une vraie chance d’être plus heureux, ou
sert-elle de façade aux touristes pour les déculpabiliser de faire les voyeurs
avec leurs gros objectifs et leurs poches remplies de bonbons et de crayons à
distribuer aux enfants? Combien nos visites intempestives les troublent-ils ou
à quel point trouvent-ils cela normal ?
Un père de famille de 3 enfants m’aborde en français avec
une pipe à eau en bouche. Son français est assez bon mais nous nous comprenons
mieux en anglais.
Je cherche à savoir ce qui les a poussés sur le bord de cette
route. Il me dit qu’ils y sont venus dans les années 70. Je ne comprends pas
bien si c’est la situation au Viêt-Nam qui les y a obligés ou si c’est un
accord avec le gouvernement Laotien pour échapper un peu à leur pauvreté dans
les montagnes. Mon guide touristique ne leur consacre que quelques lignes, il
ne me sera d’aucune aide pour creuser le sujet. Il faudra que je trouve un
moyen d’en savoir plus.
La fabrication du thé expliquée par notre guide...
Un caféier mûr pour la récolte.
Dans chaque fruit, deux grains.
Les grains d'Arabicas sèchent au soleil pendant 2 mois.
Le village Katu...
...et son poteau où le sacrifice du buffle est pratiqué.
Adèle chez les Katus...
Sous leur maison, les cercueils des Katus attendent.
| Magnifique hamac en bambou tressé... |
| ...irrésistible! |
| Des airs du trou de fer (cascade à la Réunion). |
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