Nous repartons un peu échaudés (pas étonnant par cette température!) et assez critiques: Nous pensons qu'il s'agit peut-être de quelqu'un d'un peu paresseux, qui se laisse aller après quelques réussites auprès des touristes. Nous prenons malgré tout rendez-vous pour un cours de cuisine le lendemain soir, sans trop y croire.
A notre arrivée, M. Pow nous accueille sans débordement et nous conduit à sa cuisine en nous proposant de préparer... des pâtes à la bolognaise. Les ingrédients sont à disposition en abondance et nous avons toute liberté pour élaborer ce plat. Je m'attelle à la tâche, déconcertée car je venais pour la cuisine lao, mais très heureuse de retrouver des gestes qui me manquent après presque 3 mois de voyage. Je me sens comme chez moi et il me semble retrouver l'ambiance de la cuisine de l'association de maman " A Mada".
Pendant ce temps, Stéphane assiste à l'élaboration de la salade de papaye. L'oncle de M. Pow, qui a passé quelques temps aux Etat-Unis pour apprendre à utiliser des engrais, regrette de ne plus avoir de padek à rajouter à la sauce. Nous serons très heureux d'y avoir échappé quand nous apprendrons, après avoir mené l'enquête, de quoi il s'agit : une pâte de poisson pourri. Nous qui aimons tant le nuoc mam, le padek nous rebute assez. D'ailleurs, M. Vong (voir portrait précédent.), bien que Lao, n'en mange pas lui-même. Nous savons aujourd'hui que le même ingrédient au Cambodge s'utilise seulement cuit.
Tandis que la sauce de la pasta mijote, nous hachons la viande pour le laap, une salade très parfumée agrémentée de citronnelle en quantité, et découvrons un ingrédient supplémentaire: la poudre de riz, que j'ai déjà l'habitude de mettre dans les rouleaux de printemps. Le repas est très convivial, avec la famille de M. Pow et 2 français que nous ne cessons de croiser depuis le début de notre itinéraire au Laos.
Nous finissons notre soirée en aparté avec notre hôte. Il se révèle être quelqu'un de très sensible et fin. Il travaille avec les touristes depuis l'âge de 16 as et a fait tous les métiers possibles dans ce secteur avant de construire les bungalows de sa guest-house à la force du poignet. Il a très bien compris ce qui peut éloigner les occidentaux des Laos...et les rapprocher. L'esquisse d'un sourire énigmatique vient parfois ponctuer ses allusions à des expériences très personnelles qu'il a pu avoir avec nous autres.
Aujourd'hui, M. Pow veut mettre en avant un tourisme responsable et équitable, à taille humaine pour respecter la tranquillité de son village. Malheureusement, il constate déjà une déforestation galopante à proximité car le gouvernement, à la recherche d'argent facile plante des palmiers à huile à tour de bras. Une forêt à laquelle il avait l'habitude de se rendre il y a 5 ans a totalement disparue. A côté de sa pension, est venu s'installer un karaoké qui, pour attirer les travailleurs du barrage hydraulique (une autre inquiétude pour l'avenir du Laos), fait fuir ses paisibles voisins tant ses décibels sont déployés avec démesure. Enfin, le gouvernement est aussi en train de prévoir une urbanisation du village pour en permettre une meilleure exploitation...On craint le pire!
Nous repartons heureux d'avoir une nouvelle perspective sur le Laos grâce à un échange profond avec M. Pow mais un peu attristés de connaitre mieux la prochaine tournure de son développement.
| M. Pow hache la viande pour le laap. |
| La bolognaise et son succès mondial. |
| Les épices: citronnelle, gingembre, piments et...aneth. Nous n'en avions encore jamais vu en Asie! |
| Bolognaise à gauche, contre laap à droite. |
| Le pilon, comme chez nous à la Réunion. |
| Adèle et Pinkie, la fille de M. Pow. |
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