mardi 30 octobre 2012

Au vert à Muang Ngoi

Conseillés par un français qui tient le restaurant de notre hôtel, nous quittons Luang Prabang pour la région plus reculée de Muang Ngoi.
Le trajet en mini-van se passe de manière assez désagréable: dès le départ, nous sommes entassés dans la fourgonnette, avec la climatisation en panne et pas de possibilité d'ouvrir les fenêtres à l'arrière. Pour couronner le tout, notre chauffeur roule à très vive allure sur une route défoncée. Sans doute coureur de jupons, il s'arrête à chaque jeune fille qu'il aperçoit et finit par en faire monter 3, dont une qu'il assoit à ses côtés pour lui conter fleurette. C'est donc tourné vers elle qu'il conduit, jetant seulement de temps en temps un regard distrait à la route.
Nous arrivons malgré tout sans encombres à Nong Khiaw, d'où nous allons prendre un bateau pour le village de Muang Ngoi qui porte le même nom que sa région.
Déjà les rives du fleuve Nam Ou offrent une vue magnifique sur des montagnes karstiques. Mais ce n'est encore qu'un aperçu des paysages somptueux que nous allons traverser en bateau.
Nous accostons et sommes aussitôt plongés dans l'ambiance pittoresque du village de pêcheur encore à l'écart du bruit et de la fureur du monde civilisé, ce qui fait son succès auprès des touristes. Des affiches nous demandent d'ailleurs gentiment  de prendre en considération leur mode de vie paisible, c'est à dire de respecter le silence à partir de 10 heures du soir (heure a laquelle l'électricité des générateurs est coupée) afin de laisser petits enfants et personnes âgées au sommeil léger se reposer. Ils vont même jusqu'à dire qu'ils ne nous verront pas d'un mauvais œil si nous sommes ivres dans la journée, plutôt que le soir. Quelle image déplorable certains étrangers donnent-ils de notre monde à ces gens simples et adorables!
Nous traversons le village où Adèle  toute excitée court après les poules, les canards, les chiens, les chats et les enfants avec lesquels elle s'amuse comme une folle.
À la nuit tombée, c'est le calme et l'intense nuit étoilée nous invite au sommeil. Valentine et Marie, dont la chambre jouxte un champ de vache, s'endorment avec le doux son de leurs cloches pour berceuse.
Le lendemain, nous nous levons de bonne heure pour commencer notre randonnée à une température décente. Nous avons beau avoir l'habitude de la chaleur à la Réunion, ici, c'est quasiment intenable entre 11 heures et 15 heures.
Après une heure de marche sur un petit chemin qui longe une rivière, nous voilà les pieds dans les rizières. Le spectacle est époustouflant! Les paysans s'activent sous leur chapeau conique pour récolter le riz arrive a maturité qui teinte le vert tendre d'une nuance dorée. Nous faisons une longue pause déjeuner aux heures les plus chaudes dans un village encore plus reculé. La vieille dame qui nous sert n'en finit pas de faire sourire ses rides à chacun de ses allers retours pour cueillir et cuisiner les liserons d'eau qui accompagneront en abondance notre riz gluant.
Nous suivons le chemin d'enfants en route pour la pêche et découvrons un coin de rivière parfait pour une baignade. En fin de journée, des paysans du coin nous y rejoignent pour faire leurs ablutions. Nos sourires réciproques ne compensent pas notre manque de communication. Quel dommage que nous ne parlions pas leur langue!
Le retour se fait un peu au pas de course car la nuit tombe très vite, le soleil disparaissant derrière les montagnes bien avant son coucher.

En bateau de Nong Khiaw à Muang Ngoi...



 




Vue du village de Muang Ngoi.

Nos bungalows dans la nature.

Petits, petits !

Un pêcheur jette son filet.

A pied dans les rizières.

 C'est du riz, ça ?!



Nous nous arrêtons dans un petit village pour déjeuner.






Adèle se fait des amis.

Un rafraichissement mérité.


 Lumières du soir sur les montagnes et les rizières...


C'est l'heure du retour.

Dans le tuk-tuk qui nous ramène à Luang Prabang, nous sympathisons avec Philippe. C'est un parisien qui a pris quelques mois pour voyager en solo au Laos et au Cambodge où il retrouvera son épouse en décembre. Des affinités culturelles nous relient tout de suite. Il s'avère qu'il connaît les livres de papa et que comme lui il fait partie de l'association des amis de Marcel Proust. C'est un compagnon de voyage charmant qui saura aussi captiver Adèle avec ses tours de magie à la fin du diner que nous avons partagé. Merci Philippe et bonne route !

Diner avec Philippe le magicien.

Des temples et des hommes


En traversant le Laos, comment ne pas être sensible à la religiosité ambiante. Les temples sont omniprésents, impossible de tous les visiter. A leur porte nous nous acquittons d’un droit d’entrée, comme dans tout musée, et pourtant à chaque fois nous découvrons un lieu vivant, habité par des bonzes, où les Laos viennent faire leurs offrandes au pied des statues des bouddhas et rencontrer les moines qui leur dispensent rituels de protection et promesses de prières.
A Vientiane, nous avons été marqués par quelques temples : le Vat Si Saket, dont le sim (salle d’ordination) contient pas moins de 6400 effigies du Bouddha, soit sous forme de petites sculptures contenues dans 2000 niches creusées dans les murs, soit sur les peintures murales qui en retracent la vie. 


Le sim (bâtiment principal, salle d'ordination)

Les filles portent le phaa nung traditionnel pour la visite.

Quelques détails de toitures...









Le Haw Pha Kaeo, ancien temple royal aux dimensions impressionnantes, qui abritait le célèbre Bouddha d’Emeraude avant que celui-ci soit volé par les Siamois en 1779.







Le Vat Si Muang, dont l’histoire légendaire fait trembler : le pilier en pierre doré qu’il abrite, le lak meuang, qui est considéré comme le siège de l’esprit protecteur de la ville, aurait été fondé sur le corps d’un sacrifié placé dans le trou.

Un bel exemple de temple vivant...





Le fameux pilier, protecteur de la ville.





Au Pha That Luang, nous faisons de très belles rencontres : c’est la veille de la fête du That Luang, la plus importante du pays, les bonzes et des femmes préparent ensemble des gâteaux de riz et des pâtes de coco qui seront distribués à la population, ainsi que des décorations pour les longs bateaux de bambou illuminés de bougies qui seront portés en procession autour des temples et dans les rues. La bonne humeur règne, rires et sourires nous attirent et nous passons près d’une heure à parler avec eux, à déguster leurs friandises et à essayer de les aider dans leurs décorations. Nous sommes à la fête ! Tout le monde est heureux !

Le Pha That Luang...



Gourmands ? les bonzes préparent les friandises pour la fête.

Préparation des bateaux en bambous et palmes...

et de leurs décorations en papier crépon ciselé.

A Luang Prabang, la densité des temples devient critique. De la fenêtre de notre salle de bain nous avons le spectacle des jeunes novices qui jouent dans la cour de leur monastère, de celle de notre chambre nous apercevons plusieurs fois par jour la procession des moines le long de la rivière Namkhan. Lors de nos ballades à vélos, nous sommes arrêtés tous les 100 mètres par un temple ; nous sommes dépassés par le nombre et remettons la plupart des visites au lendemain.
Nous passons un long moment au Vat Xieng Thong, le monastère le plus célèbre de l’ancienne capitale royale. C’est un classique de l’architecture locale, dont les toitures à plusieurs pans successifs descendent jusqu’au sol. Au tour du sim central se dressent plusieurs stupas ainsi que 3 petites chapelles dont une n’est ouverte qu’une semaine par an. Les murs intérieurs sont ornés de peintures dorées tranchant sur un fond noir, et à l’extérieur des mosaïques en éclats de miroirs accrochent les derniers rayons du soleil. L’ensemble est très émouvant et se vit en silence.

Le Vat Xieng Thong et sa toiture caractéristique...


 




 
Une des 3 chapelles

Mosaïque de l'arbre de vie.

 Détails de la vie rurale et religieuse.