Pascal est venu découvrir le Vietnam en 1994. A Hoi An, il
fait un tour sur le Sung Thu en bateau et a le coup de foudre pour la femme qui
l’y a emmené. Après être venu plusieurs fois
voir sa dulcinée dans la campagne de Hoi An, il est enfin
pris au sérieux. Lors d’un séjour plus long, son futur beau-père lui recommande
de se rendre tous les soirs à 7 heures chez le voisin qui connaît quelques mots
de français. En fait, le voisin s’avèrera servir de tuteur et de père adoptif
vietnamien. Pascal ne le comprendra que le jour où il sera convoqué, avec ses
futurs beaux parents et cet homme, à la table qui se trouve traditionnellement devant
l’hôtel des ancêtres, où l’on prend les décisions importantes.
Après moultes conciliabules auxquels Pascal n’entend rien,
son « père adoptif » l’informe qu’il peut désormais se fiancer
avec Tou . Pascal qui n’avait pas encore pensé à un engagement officiel,
se décide dans la nuit.
Il lui faudra ensuite déterminer la date du mariage mais
seul le sorcier peut distinguer le moment propice. Il fixera donc une date à
laquelle Pascal se pliera pour inviter ses parents qui réservent leurs billets
d’avion.
Approche la date mais sa future femme ne semble pas du tout
se lancer dans les préparatifs. Horreur ! Après discussion, Pascal
comprend que la date est fixée au…calendrier lunaire. Il faudra demander une
approbation du sorcier (assez arrangeant quand même) sur une nouvelle date pour
ne pas faire annuler les billets.
Cet ancrage nous est confirmé par Sarah, 27 ans, rencontrée
dans le bus de retour de My Son. Sa mère biologique vietnamienne la fait
adopter par des français à l’âge de 8 ans. Sarah grandit en France mais garde
un contact régulier avec sa famille originaire de Saigon. Sa mère a voulu la
sortir de la pauvreté et lui donner sa chance…qu’elle a su saisir.
Aujourd’hui, elle est sur le point de se marier à un
français. Les traditions restent les mêmes : il faudra consulter le
sorcier et inviter le banc et l’arrière banc.
Dans la cellule familiale, l’homme ou le garçon est
considéré comme le plus important, surtout symboliquement car en réalité, c’est
bien la femme qui fait vivre la famille
en travaillant sans relâche. Si elles sont dures à la tâche, leur personnalité
l’est souvent aussi d’après les dires de certaines de nos rencontres. Nous
apprenons que la sœur aînée, qui a souvent en charge ses puis-nés ainsi
que les tâches ménagères car sa mère travaille toute la journée en dehors de la
maison, exerce une sorte de dictature sur ses sœurs et ceci jusqu’à sa mort.
Certaines vietnamiennes, vivant en occident, redoutent de revenir dans leur
pays pour cette raison !
Les coutumes restent encore fortement ancrées malgré la modernisation du
Vietnam.
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