lundi 8 octobre 2012

Se marier au Vietnam.


Pascal est venu découvrir le Vietnam en 1994. A Hoi An, il fait un tour sur le Sung Thu en bateau et a le coup de foudre pour la femme qui l’y a emmené. Après être venu plusieurs fois
voir sa dulcinée dans la campagne de Hoi An, il est enfin pris au sérieux. Lors d’un séjour plus long, son futur beau-père lui recommande de se rendre tous les soirs à 7 heures chez le voisin qui connaît quelques mots de français. En fait, le voisin s’avèrera servir de tuteur et de père adoptif vietnamien. Pascal ne le comprendra que le jour où il sera convoqué, avec ses futurs beaux parents et cet homme, à la table qui se trouve traditionnellement devant l’hôtel des ancêtres, où l’on prend les décisions importantes.
Après moultes conciliabules auxquels Pascal n’entend rien, son « père adoptif » l’informe qu’il peut désormais se fiancer avec Tou . Pascal qui n’avait pas encore pensé à un engagement officiel, se décide dans la nuit.
Il lui faudra ensuite déterminer la date du mariage mais seul le sorcier peut distinguer le moment propice. Il fixera donc une date à laquelle Pascal se pliera pour inviter ses parents qui réservent leurs billets d’avion.
Approche la date mais sa future femme ne semble pas du tout se lancer dans les préparatifs. Horreur ! Après discussion, Pascal comprend que la date est fixée au…calendrier lunaire. Il faudra demander une approbation du sorcier (assez arrangeant quand même) sur une nouvelle date pour ne pas faire annuler les billets.
Cet ancrage nous est confirmé par Sarah, 27 ans, rencontrée dans le bus de retour de My Son. Sa mère biologique vietnamienne la fait adopter par des français à l’âge de 8 ans. Sarah grandit en France mais garde un contact régulier avec sa famille originaire de Saigon. Sa mère a voulu la sortir de la pauvreté et lui donner sa chance…qu’elle a su saisir.
Aujourd’hui, elle est sur le point de se marier à un français. Les traditions restent les mêmes : il faudra consulter le sorcier et inviter le banc et l’arrière banc.
Dans la cellule familiale, l’homme ou le garçon est considéré comme le plus important, surtout symboliquement car en réalité, c’est bien la femme  qui fait vivre la famille en travaillant sans relâche. Si elles sont dures à la tâche, leur personnalité l’est souvent aussi d’après les dires de certaines de nos rencontres. Nous apprenons que la sœur aînée, qui a souvent en charge ses puis-nés ainsi que les tâches ménagères car sa mère travaille toute la journée en dehors de la maison, exerce une sorte de dictature sur ses sœurs et ceci jusqu’à sa mort. Certaines vietnamiennes, vivant en occident, redoutent de revenir dans leur pays pour cette raison !
Les coutumes restent encore fortement ancrées malgré la modernisation du Vietnam.

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